TANYSTROPHEUS
Tanystropheus (du grec, "longue vertèbre", Meyer, 1855) est un genre éteint de reptile prolacertiforme du Ladinien, du Carnien et du Norien (Trias moyen et supérieur), daté de -240 à -210 millions d'années. Ses fossiles ont été découverts en Europe, au Moyen-Orient et en Chine.
Reconstitution de Tanystropheus, reptile prolacertiforme du Trias moyen et supérieur (cliquez pour agrandir)
Très semblable à un gros lézard par sa morphologie, ce reptile atteignait environ 6 m de longueur. Sa principale caractéristique est son cou très allongé, pouvant atteindre jusqu'à 3 m de long chez certains individus, soit la moitié de la longueur totale de l'animal. Pourtant, malgré sa longueur impressionnante, il n'était constitué que de 10 à 13 vertèbres (à titre de comparaison, l'homme possède, comme la quasi-totalité des mammifères, 7 vertèbres cervicales).
Certains chercheurs pensent que, comme c'est le cas chez les lézards actuels, la queue de Tanystropheus pouvait se détacher si elle était saisie par un prédateur, pour repousser ensuite. En effet, sur nombre de spécimens, on a observé des vertèbres caudales fracturées.
Reconstitution de Tanystropheus. Chez certains individus, le cou atteignait la moitié de la longueur totale de l'individu (cliquez pour agrandir)
Certains paléontologues pensent que Tanystropheus s'installait au bord des étendues d'eau pour pêcher grâce à son cou hypertrophié (cliquez pour agrandir)
La position subverticale des pré- et postzygapophyses suggèrent une certaine limite dans les mouvements latéraux du cou. En revanche, les côtes cervicales auraient formé un soutien ventral permettant de faire reposer le poids de la tête et du coup sur la ceinture scapulaire, fournissant ainsi un support passif limitant la flexion dorsoventrale.
La découverte, en 2006, d'un amas inhabituel au niveau des hanches dun spécimen suisse, fait penser à un amas de muscles à cet endroit, qui auraient servi à bien ancrer l'animal sur la terre ferme pendant qu'il maneuvrait son cou massif, dans l'hypothèse d'une alimentation par la pêche depuis la terre ferme.
Les membres antérieurs de Tanystropheus sont plus courts et plus graciles que ses membres postérieurs, ce qui conduit certains paléontologues à penser qu'il se déplaçait de façon bipède dans l'eau, avec le cou maintenu à l'horizontale, dans le cas où son mode de vie était aquatique.
La morphologie et le mode de vie de Tanystropheus représentent une véritable énigme biomécanique. Certains paléontologues en ont fait un animal terrestre avec le cou tendu horizontalement. Parmi eux, certains estiment qu'il se plaçait à la base des grands arbres, à la manière des paresseux géants du Cénozoïque, et capturait les reptiles arboricoles à la cime des arbres. D'autres, les plus nombreux, estiment qu'il n'aurait jamais pu supporter le poids de son cou sur la terre ferme et en font un être semi-aquatique, voire entièrement aquatique, chassant en projetant son cou démesuré au milieu des bancs de poissons. En effet, la faible extension des épines cervicales suggère que la musculature du cou n'était pas très développée, et que les mouvements du cou étaient en grandes parties produits par les muscles du dos.
La majorité des spécialistes pense ainsi que Tanystropheus vivait dans l'eau, vraisemblablement dans des eaux peu profondes. Cependant, il ne présente aucune adaptation morphologique à la vie aquatique, ce qui pourrait signifier qu'il fréquentait plutôt les plages et les abords des étendues d'eau, se nourrissant de poissons et de coquillages pêchés avec son cou hypertrophié.
La dentiton de cet animal ainsi que la présence de crochets de tentacules de céphalopodes et d'écailles de poissons dans la région de l'estomac sur certains fossiles semblent confirmer l'hypothèse d'un régime piscivore.
La découverte d'un possible amas de muscle au niveau des hanches semble indiquer que Tanystropheus pêchait depuis la berge, solidement ancré sur la terme ferme par les membres postérieurs (cliquez pour agrandir)
Quand il découvrit des restes de Tanystropheus en 1886, Francesco Bassani pensa que les vertèbres extrêment allongées du cou étaient en fait les os des ailes d'un ptérosaures, qu'il nomma Tribelesodon. Ce n'est que bien plus tard, dans les années 1930, que l'erreur fut relevée et que Tribelesodon devint un synonyme de Tanystropheus.
Détails de l'anatomie de Tanystropheus. Certains paléontologues pensent qu'il était terrestre et se nourrissait de reptiles arboricoles qu'il capturait à la cime des arbres grâce à son long cou
Le ptérosaure Tribelesodon imaginé par Bassani en 1886. Ce qu'il pensait être les os des ailes étaient en fait des vertèbres cervicales de Tanystropheus (cliquez pour agrandir)
Anatomie de Tanystropheus. La majorité des chercheurs pensent qu'il était aquatique. Il est ici représenté accroché à de grandes crinoïdes et entouré de ses proies, des céphalopodes
Classification phylogénétique :
Empire : Eukaryota
Règne : Animalia
Embranchement : Chordata
Sous-embranchement : Vertebrata
Super-classe : Tetrapoda
Classe : Sauropsida
Sous-classe : Diapsida
Infra-classe : Archosauromorpha
Ordre : Prolacertiformia (~ Protorosauria)
Famille : Tanystropheidae (Gervais, 1858)
Genre : Tanystropheus (Meyer, 1855)
Synonymes : Tribelesodon (Bassani, 1886), Procerosaurus (von Huen, 1902)
Les ancêtres de Tanystropheus et ses taxons-frères. Les spécimens sur fond jaune sont à une échelle séparée des spécimens sur fond blanc
Anatomie de Tanystropheus (juvénile ou espèce distincte, cliquez pour agrandir)
Taille de Tanystropheus rapportée à celle d'un homme de 1,80 m (cliquez pour agrandir)
Sources :
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Wikipédia, reptileevolution.com, prehistoric-wildlife.com, dinosaurs.about.com, ucmp.berkely.edu
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S.Renesto, A new specimen of Tanystropheus (Reptilia Protorosauria) from the Middle Triassic of Switzerland and the ecology of the genus, 2005, Rivista Italiana di Paleontologia e Stratigrafia,111(3)
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K.T.Schanz, Allometry and Heterochrony in the Growth of the Neck of Triassic Prolacertiform Reptiles, 1988, Paleontology 31
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F. von Huene, Übersicht über die Reptilien der Trias, 1902
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F.Bassani, Sui Fossili e sull’ età degli schisti bituminosi triasici di Besano in Lombardia, 1886, Atti della Società Italiana di Scienze Naturali 19